Tout d’abord, pourquoi mettre les pieds dans le plat me direz-vous ? Tout simplement parce que je suis une réseau social addict, et que je vois tout et n’importe quoi sur le sujet, allant du « seuls les formateurs ayant obtenu le titre de Formateur Professionnel pour Adultes sont de vrais formateurs » (ok, alors c’est quoi un faux formateur ?), au « si le titre existe, c’est qu’il y a bien une raison », en passant par « pas le titre FPA, pas de chocolat »…
Ensuite, chacun a SA définition du bon formateur (parce que là, pour le coup, il en existe des mauvais). Pour certains, ça va être quelqu’un capable de transmettre de l’information, un max d’information ! Pour d’autres, ce sera quelqu’un qui organise sa session de façon à ce que les participants trouvent les notions manquantes, et qui les poussera à la réflexion. Pour d’autres encore, le bon formateur favorisera l’esprit de groupe, la cohésion, parfois au dépit de ce qu’il était venu faire. Enfin, la définition d’un bon formateur peut être ces 3 facettes en même temps. Et il existe bien d’autres cases à cocher pour être un « bon » formateur, c’est une notion qui dépend de la personne qui en parle, d’ailleurs ça pourrait faire l’objet d’un énième débat, non ?
Pour ma part, je qualifierais de bon formateur quelqu’un capable de s’adapter au besoin de son public. Je pense que parfois, mieux vaut prendre un peu de retard sur son programme, si le besoin du groupe est en dehors du fameux programme. Je pense que les participants passent avant tout, avant la formation, avant ce que je suis venu faire, avant ce pour quoi on m’a demandé d’intervenir, et qu’on arrive toujours à retomber sur ses pieds à un moment ou à un autre.
Ce qu’on apprend en formation de formateur
Le titre est divisé en 2 parties, une sur « Construire des parcours individualisés et accompagner les apprenants« , ce qu’on appelle l’ingénierie de formation, et l’autre sur « Préparer et animer des actions de formation collectives en intégrant des environnements numériques« , plus souvent appelée l’animation.
L’ingénierie de formation
Il s’agit de la partie où on vous apprend à concevoir, à construire nos formations. On travaille sur les objectifs pédagogiques, qu’on peut scinder en modules, eux-mêmes traduits en séquences, qui peuvent être présentées en plusieurs séances. J’ai bien conscience que pour les non initiés, c’est un jargon à rendre fou ! Alors, voilà un cas concret (et vous verrez que sans le savoir, vous aussi vous procédez ainsi !) :
Imaginons que vous deviez animer une formation sur de la Technique de recherche d’emploi, votre objectif pédagogique pourrait être : à l’issue de la formation, mon participant sera capable de répondre à des offres d’emploi. Vos modules pourraient être : 1 – CV ; 2 – Lettre de motivation ; 3 – Les sites incontournables ; 4 – La préparation à l’entretien d’embauche etc. Dans votre premier module, sur le CV, vous pourriez avoir : séquence 1 : les différents savoirs ; séquence 2 : comment construire son CV ; séquence 3 : mise en pratique. Dans votre séquence 1 : les différents savoirs, vous pouvez tout à fait scinder plusieurs séances, une sur la définition du savoir, savoir-être et savoir-faire, une sur ce que le participant peut mettre dans chaque partie par exemple. et ainsi de suite. Hum, ça mériterait une jolie carte mentale tout ça !
On travaille également sur l’évolution des méthodes d’apprentissage, avec des mots barbares qui vous marquent à vie, comme le béhaviorisme, le socio-constructivisme ou encore le cognitivisme. Bref, le genre de mot où mieux vaut s’être entraîné à le dire 15 fois dans sa salle de bain avant de tenter de le prononcer en public !
On y travaille également la taxonomie de Blum, qui nous permet de mesurer les compétences de nos participants. D’ailleurs, j’ai lu un super article là dessus :
https://www.histoiredereussir.fr/concevoir-des-classes-virtuelles-avec-la-taxonomie-de-bloom/
Et bien d’autres choses sur la conception (conception de classe virtuelle, de formation en e-learning), sur le vocabulaire métier, les différentes évaluations, etc. etc.
L’animation
C’est le moment, The Moment ! Lorsque le formateur entre dans l’arène, et fait face à son public.
Dans cette partie de la formation, on apprend à gérer un groupe, à tenir compte de chaque individualité pour que l’ensemble fonctionne bien, à construire des parcours de formation, à accompagner ses participants. Bref, on y apprend en d’autres termes à avoir une bonne posture professionnelle.
On apprend également la remise en question, de part l’analyse de pratique professionnelle. Se rendre compte de ce qui a fonctionné en animation, et pourquoi, de ce qui a moins bien fonctionné, et pourquoi, et de compléter cette phrase magique : la prochaine fois, voilà ce que je ferai…
Et quand on a un peu de chance, et qu’on est accompagné par un super formateur, on vous laisse faire beaucoup d’animations en groupe, avec toujours le regard bienveillant du dit formateur, qui se place en « filet d’animation », au cas où.
Ce qu’on n’apprend pas en formation de formateur
Alors, j’aurais tendance à comparer ça au permis de conduire. Ce n’est pas parce qu’on a le permis, qu’on est un très bon conducteur ! Ce ne sera qu’après des années de pratique qu’on pourra espérer atteindre un bon niveau, et encore, sans être à l’abri d’un accident. Parce que tout comme en formation, on peut faire des erreurs de jugement (après tout, nous ne sommes que des humains), on peut faire des fautes d’inattention, de négligence, et enfin, on n’est pas seul sur la route, donc tout ne dépend pas que de notre petite personne.
Avoir le titre de formateur professionnel pour adultes ne fait pas du formateur un bon formateur, mais ce ne sera qu’après de nombreuses formations qu’il pourra espérer fournir des formations à son image, après des essais, des erreurs, des remises en question, des adaptations, des moments de doutes, mais aussi de réussites, de joie, de sentiment d’accomplissement.
Mon avis sur le sujet
Alors, je me permets de donner mon avis, car comme vous le savez, pour ceux qui me suivent, j’ai obtenu ce fameux titre.
Je suis sûre que vous connaissez bien le dicton « l’habit ne fait pas le moine » ? Alors j’aurais envie d’en créer un du genre « le diplôme ne fait pas le formateur ».
Certes, en formation de FPA, on apprend des notions importantes, comme indiqué au dessus. Mais le fait de les connaître ne nous met pas à l’abri, vous savez que le café n’est pas bon pour la santé, pourtant vous ne voyez pas comment démarrer votre journée autrement qu’avec ce mug géant de café fumant ?
J’ai, au cours de ma petite carrière de formatrice, pu rencontrer et échanger avec une petite centaine de formateurs. Et autant vous dire que j’ai rencontré et échangé avec de très bons formateurs, et de moins bons formateurs, titrés, non titrés, avec plus ou moins d’expérience. Il n’existe pas de ratio qui vient fixer la qualité du formateur en fonction d’un éventuel passage de CCP !
Je pense que la qualité du formateur s’évalue à sa personnalité, à sa volonté de vouloir bien faire, à sa capacité à se remettre en question, et à s’adapter à son public, à faire évoluer sans cesse ses formations. Encore une fois, lorsqu’on est formateur, certes il y a une partie « compétence », un certain nombre de notions à communiquer, mais il y a avant tout une partie « humaine », et c’est là le cœur du métier.
Le petit mot de la fin
Alors, confrères formateurs, titrés ou non (parce que oui, j’aime les happy end), plutôt que de perdre du temps à se tirer dans les pattes, pourquoi ne pas utiliser ce temps à échanger sur de bonnes pratiques, par exemple ? Sur de nouvelles trouvailles, sur de nouvelles méthodes ? Ou, et toujours parce que nous ne sommes que des humains, sur la nouvelle recette de gâteau au chocolat sans gluten qui mettra tout le monde d’accord ?
Mais encore ?
Blog d’une formatrice, c’est aussi Bouge ta formation ! De la formation pour formateur, coach, animateur.
Soyez curieux !
CATHERINE CHARLES-ALFRED
Tout à fait d’accord avec vous. Le titre permet de valider la compétence aux yeux des autres.
Effectivement l’habit de fait pas le moine, mais « c’est à l’habit qu’on reconnaît le moine « . Il ne permet pas de dire » c’est un bon formateur ! ». J’ai passé mon diplôme en VAE après 10 ans de pratiques. Cela m’a permis d’en apprendre plus sur les theories , , sur la psychologie cognitive mais surtout d’effacer un syndrome d’imposture du à mon propre manque d’assurance mais aussi aux regards, commentaires, pas toujours bienveillants autour de moi. J’ai pu améliorer, à la marge je pense, mes formations au regard de ce que j’avais pu approfondir sur l’ingénierie de formation, sur la psychologie cognitive, mais, cela n’a pas révolutionné ma façon de former, de m’adapter aux situations et aux personnes, d’être attentive aux besoins de mes stagiaires avant tout.
Céline Gournay
Comme je vous comprends, je trouve ça vraiment dommage qu’il faille valider une compétence « aux yeux des autres », et c’est bien là le coeur du problème.
Nzita carine
Bonjour Céline,
J’adore tellement.
J’étais formatrice facteur humain et pour accompagner les managers.
J’ai décidé de certifier mon expérience car j’ai essentiellement travaillé chez nos amis anglais. Un besoin d’être légitime 😜
Au plaisir de vous lire.
Bien à vous
Carine Nzita