Nous sommes jeudi, nous avons terminé notre programme Cléa (formation d’un peu plus de 2 mois, dont le but est d’acquérir les 7 compétences de base du salarié idéal, français, maths, travail en équipe etc…), et mes stagiaires vont entrer en stage dès le lundi qui suit.
Alors déjà, je propose à ce qu’on mange tous ensemble, et que nous passions un moment à part, avant 2 semaines de séparation. Après tout, en formation, il faut savoir se prendre un peu de bon temps également.
Dans le domaine de compétence n°7 du Cléa, il y a une partie « environnementale » à explorer. Alors j’avoue, c’est une thématique qui m’est chère, je fais partie du clan #sauvonsnotreplanète. Après avoir évalué notre emprunte écologique sur notre planète à l’aide d’un test, nous avons débattu sur les choses que nous pourrions mettre en place pour améliorer la donne. Bien entendu, il fallait que les engagements pris soient réalisables, non contraignants, et applicables de suite. L’idée était que cela ne ressemble pas à une bonne résolution du 1er janvier (je vais faire plus de sport, je vais manger plus équilibré, arrêter de fumer, etc) que l’on ne tient que 2 jours.
Bref, revenons à nos moutons, ou à nos chaussettes plutôt. Je demande donc à mes stagiaires de prévoir, pour le vendredi après-midi, de ramener de vieilles chaussettes (trouées, abimées, ou tout simplement celle dont la jumelle a été avalée par la machine à laver). Bon, la première réaction de mes stagiaires, vous vous en doutez, a été de me dire : « Hein ? ». Je leur explique donc que j’ai prévu un atelier écolo pour le vendredi après-midi, et que plus il y aura de chaussettes, plus nous serons heureux.
Cet atelier consiste à réaliser des tawashis, éponges en coton pouvant être lavées en machine, et très résistantes. Le lien ici.
Après un copieux repas, nous nous sommes donc hâté à la tache. J’avais prévu 3 planches cloutées, d’ailleurs heureusement que je ne me suis pas faite arrêter ce jour là, ça aurait pu paraître louche… Je me suis dit que pour 10 stagiaires, ce serait suffisant. Et j’avais prévu un sac de chaussettes, au cas où.
Ma première surprise a été de constater que j’étais la seule à avoir ramené ces chaussettes. Après enquête, mes apprenants m’ont dit ne pas avoir eu le temps de chercher chez eux, d’autant qu’ils avaient prévu de cuisiner de bons petits plats pour notre repas du jour même. Ce n’est pas grave, mon sac contient assez « d’orpheline » pour le groupe.
Une fois l’atelier lancé, je me rends vite compte qu’une partie de mes stagiaires n’accrochent pas. 6 se sont installés à une table, et ont organisé cette activité en travail à la chaine, une stagiaire au découpage de chaussettes, et les autres tissent à tour de rôle. Les 4 restants ont ressortis leurs exercices de français, mathématique, et travaillent en individuel.
Je décide donc d’aller leur demander pourquoi ils préfèrent faire des exercices, plutôt que l’atelier que j’avais prévu. Bon, alors j’ai bien conscience que c’est se plaindre d’aise que de ne pas être satisfaite, en tant que formatrice, lorsque ses stagiaires bossent pour leur exam ! Mais en toute honnêteté, ça a été le cas. Je ne comprenais pas leur réaction. Le fait est qu’ils étaient stressés à l’idée de partir en stage, à l’idée de passer l’examen tout de suite en revenant, et qu’ils avaient peur de tout oublier, et de rater. Telle était leur priorité.
Ils avaient encore de nombreuses questions quant au déroulement du passage de l’examen, et préféraient clarifier ces points plutôt que de « s’amuser ».
Il était encore temps pour moi de rectifier le tire, et de me mettre à leur disposition pour qu’ils puissent trouver un apaisement, et être plus serein.
La fin d’après midi s’est donc déroulée de la sorte, une partie de mes apprenants « révisaient », et une autre fabriquait des tawashis pour tout le groupe.
Lorsque j’étais moi-même en stagiaire en formation de formateur (et oui, ça ne s’improvise pas), ma formatrice nous avait dit :
ne vous dites pas « si j’avais su » ou « mon animation est nulle », mais plutôt « voilà ce que je changerai la prochaine fois ».
Alors, la prochaine fois, je pense que je garderai un temps d’échange supplémentaire sur le passage de la certification avant le départ en stage, et ferai le point sur les inquiétudes de chacun. Cependant, je dois dire que je suis heureuse d’avoir eu ce petit « bide », il m’a permis de prendre conscience que bien souvent, les stagiaires essaient de faire « bonne figure », soit parce qu’ils veulent s’intégrer au groupe, soit pour plaire à leur formateur. Il me faudra être encore plus vigilante, et, pourquoi pas, prévoir mon atelier de « révisions » des acquis plus tôt dans ma formation.