Mais où sont passés les bienveillants ?

Je vois le blog comme une façon d’écrire ce que l’on pense, sans tabou, sans faux semblant, sans ces codes de politiquement correct qu’on s’inflige à longueur de journée pour donner l’illusion de.

Alors, il y a une question qui me perturbe depuis un moment déjà, où sont tous les bienveillants qu’on voit sur la toile ? Addicte de LinKedin, je vois régulièrement des posts sur la #bienveillance, le #managementbienveillant, « que peut apporter la bienveillance à votre équipe », « 5 méthodes pour devenir un patron bienveillant » et j’en passe. J’avoue, ça donne envie ! On nous vend la recette miracle du bonheur en entreprise. Le nombre de likes de ces posts, le nombre de commentaires positifs, encourageant la méthodo, insufflant à tout être humain l’envie de devenir meilleur, m’a donné l’illusion que la société était en train d’évoluer vers une société meilleure. Que le temps de l’employeur, du chargé de recrutement, du manager tyrannique imbu de sa personne ne se sentant vivre que lorsqu’il écrasait un subalterne, était révolu, je vous avoue que j’en étais même à croire qu’on était en train de juger les personnes non pas sur leurs diplômes, noms de famille (fils de, fille de), mais sur leurs compétences. Quelle naïveté.

Je vais vous raconter l’histoire de mon stagiaire, nous l’appellerons John Doe pour garder son anonymat.

1- Le cas John Doe

John Doe est un jeune homme de 29 ans, célibataire, sans enfant, il a une carrière de 10 ans dans le bâtiment comme peintre, mais à la suite d’une chute, a eu des complications à la cheville, qui font qu’il lui est impossible aujourd’hui d’exercer son métier. Cela fait 3 ans qu’il est au chômage, ne sachant pas vers quel domaine se reconvertir. A la suite d’accompagnements (pôle emploi, cap emploi) il a pu définir son projet professionnel, et a décidé de devenir caissier. Il aime le contact avec les gens, il est souriant, a une bonne présentation, posture, et dit pouvoir se lever et s’asseoir quand bon lui semble pour protéger cette cheville abîmée.

Après 3 semaines passées au centre, à travailler sur la confiance en soi, les techniques de recherche de stage, la préparation à l’entretien, la construction du projet professionnel, John Doe décide, reboosté à bloc, de faire du porte à porte auprès des centres commerciaux de notre ville. Je tiens à souligner, au passage, que John Doe n’a pas le permis, et qu’il a arpenté toute la ville en bus, en ce mois de décembre glacial, ce qui montre bien sa détermination !

Après de nombreux « on vous contactera », ou « on n’a pas la place », ou « on transmet » (on s’était préparé à ces réponses classiques) il obtient un rdv pour un entretien. Youpi !!

2 – L’entretien

Le jour de l’entretien, il est reçu par le responsable des caisses (logique).

Ce Monsieur accueille John Doe avec les mots suivants :

« Bonjour Monsieur Doe, je vous préviens je ne supporte pas les retards (John était arrivé avec 15 minutes d’avance ?!?) et je vous interdits de toucher aux caisses. »

John acquiesce, mais serre les dents. Compliqué de faire un stage découverte métier « hôte de caisse » sans toucher aux caisses, même si je peux comprendre qu’il ne soit pas autorisé à toucher aux espèces. Bref.

La suite de l’entretien ressemblait à un interrogatoire, John m’a dit avoir eu le sentiment qu’on voulait le piéger. Le responsable des caisses a essayer de mettre John en difficulté, sans se gêner pour le rabaisser de temps à autre. John ne s’est pas démonté, et a répondu à toutes les questions, serein. Le responsable des caisses a même souligné sa prestation d’un « ça se voit qu’on vous a entraîné dans votre centre de formation, ça sert à rien de nous contacter, on vous rappellera ».

3 – En conclusion

John est revenu au centre dépité. Il a été rappelé 4 jours après, pour s’entendre dire qu’il était pris. Il m’a dit avoir une boule au ventre rien qu’à l’idée de recroiser ce monsieur. On parle d’un stage !!! Il a donc décliné l’offre, et cherché ailleurs.

Je ne souhaite pas faire une généralité du cas de ce responsable de caisse, cependant, encore trop de recruteurs se sentent valorisés lorsqu’ils arrivent à mettre en difficulté le postulant. Quels bénéfices peut-on tirer d’une telle méthode ? En quoi ça peut être valorisant pour le recruteur ? Et surtout, quel message ça envoie au postulant ? Auriez-vous envie de travailler pour ou avec quelqu’un qui vous prend de haut ?

En toute transparence, j’ai dit à John Doe que je le soutenais dans son refus, ce n’est pas parce qu’on est à la recherche d’un stage ou d’un emploi qu’on doit tout accepter. John a trouvé un stage, une semaine plus tard, comme hôte de caisse dans une sandwicherie, et il a du decliner les offres de deux autres entreprises prêtes à le former.

Mais encore ?

Blog d’une formatrice, c’est aussi Bouge ta formation ! De la formation pour formateurs, coach, animateur.

Soyez curieux !

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2 Comments

  1. Evelyne

    Oui Céline je suis bien d’accord…toute cette pseudo bienveillance que tout le monde prône finit par m’agacer. Et plus ils l’écrivent et moins ils la pratiquent…

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  2. Cvristelle

    J ai remarqué aussi que dans l’appre tissage et notamment l artisanat les maîtres d’apprentissage pensent encore qu il faut en baver pour ne pas dire en ch… C est comme 1 transmission j en ai bavé en appre tissage alors toi aussi tu vas en baver.
    Après pour moi le mot bienveillance et plein de sens mais on l à vidé de son sens. La bienveillance ça n est pas non plus la complaisance

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