Pour ceux et celles qui me suivent, vous savez que je travaille actuellement comme formatrice Préparation à la Certification Cléa. J’ai comme public des demandeurs d’emploi, peu voir pas diplômés, qui souhaitent, par l’intermédiaire de cette certification, montrer aux recruteurs qu’ils sont aptes à travailler, et qu’ils ont les compétences de bases. Au total, il y a 7 modules (français, maths, informatique, apprendre à apprendre tout au long de sa vie, travailler en autonomie, travailler en équipe, et pour finir les règles de sécurité, gestes et postures).
Etat des lieux de la situation
Pour avoir longuement discuté avec mes stagiaires de la notion d’employabilité, je dois bien avouer que je me suis confronté à un mur bien solide !
A base de :
« les patrons tous les mêmes, juste bons à nous exploiter »,
« de toute façon ils cherchent le mouton à 5 pattes »,
saupoudré de :
« tant que tu dis oui à tout, tout va bien »,
avec un peu de :
« les patrons, ils savent juste boire le café et poser les pieds sur le bureau »
et je vous épargne la suite.
Alors, certes, malheureusement, il en existe. Mais comme j’ai une tendance naturelle à voir le verre à moitié plein, je pense que cette partie du patronat ne perdure pas dans le temps, et qu’il y a une justice dans ce monde. La plupart du temps, il y a un grand manque de communication entre l’employeur et l’employé, si bien que ce dernier n’a aucune notion du métier de patron, et inversement. D’ailleurs, ils en ont même fait un concept de talk show « Patron incognito », mais bon, là je m’éloigne.
Mon but ultime, dans cette formation, c’est d’envoyer mes stagiaires en emploi, ou en formation qualifiante. Alors je me suis demandé comment, avec un tel état d’esprit, peut on convaincre en entretien ? Si on est méfiant, et qu’on n’a pas une vision claire des choses, qu’on ne comprend pas que l’employeur a autant à perdre que l’employé si ça se passe mal, comment tout cela peut aboutir à une réussite ?
Il fallait faire quelque chose.
Les avions de papiers
Parce qu’une bonne mise en action vaut tous les discours du monde, j’ai fait des recherches sur une animation type jeu pédagogique, et je me suis arrêtée sur les avions de papiers.
Le principe est simple, diviser ses stagiaires en 2 équipes. Leur laisser le temps de se trouver un nom d’entreprise, voir même de créer un logo. Ce qui a pour conséquence que le stagiaire se sent investie dans sa mission, ça devient son entreprise, son bébé. Ensuite, à l’aide de feuilles de papier, demander de constituer un prototype d’avion. Il y a 2 impératifs : celui-ci doit voler et la construction se fera à la chaîne, il faut que chaque stagiaire ait un rôle à jouer.
Ensuite, vous demandez aux groupes de chiffrer la quantité d’avions constructibles en 11 minutes. Une fois les prédictions inscrites au tableau, je colle un n° sur chacun de mes stagiaires.
Le chronomètre est lancé, et commence la course effrénée à la construction de ces avions.
Après quelques minutes, j’interviens :
« Les n°2 sont malades, ils ne touchent plus aux avions, et n’ont plus le droit de parler »
Je dois bien avouer que c’est très drôle de voir le vent de panique traverser la salle, que ce soit dans les yeux des n°2, mais de ceux qui restent et doivent s’organiser !
Puis les n°2 reprennent leurs places, au tour des n°5 de se faire débaucher, ils échangent d’entreprises. Les n°3 se mettent en grève et ainsi de suite.
Lorsque le chronomètre s’arrête, on souffle, puis on comptabilise les avions. Force est de constater qu’ils ont pulvérisé leurs prédictions ! Mais là n’est pas la victoire.
Un débriefing de l’animation a permis aux stagiaires de prendre conscience que lorsqu’il s’agit de son entreprise, que lorsqu’on a envie de gagner face à la concurrence, que lorsqu’on est investi dans la réussite de son projet, il est humain de se sentir irrité contre une grève des salariés, une démission, un arrêt maladie, et d’être heureux lorsque son entreprise fonctionne bien, que ses salariés s’investissent et participent à son bon fonctionnement.
Attention, je ne suis pas en train de dire que les employeurs ont tous les droits sous prétexte que c’est leur entreprise, mais le message que j’ai voulu faire passer était que bien souvent, l’employeur et l’employé ont un même but, mais souffrent tous les deux d’un manque de bonne communication, et parfois même d’empathie.
En conclusion
Cette animation a permis une prise de conscience, un « se mettre à la place de ».
Je pense qu’elle a marqué les esprits, puisque plusieurs semaines après, mes stagiaires m’en parlent encore.
Je suis convaincue que si j’avais pris le parti d’être ce formateur moralisateur partant en croisade dans un long discours de plusieurs heures, la prise de conscience ne se serait pas faite.
Le petit mot de la fin : Mettez vos stagiaires en action 🙂 !
Mais encore ?
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